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15 décembre 2012 6 15 /12 /décembre /2012 17:54

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Ils sont rois dans nos enfances, découvreurs de lumière, suiveurs d'étoile, accueillis dans toutes les crèches... Et encore ?

En voici trois, tout simples, surgis d'un matin frais de décembre, qui nous invitent au voyage.

 

 

 

Les Mages,

 

 

Le soleil s'efface derrière l'horizon, les crêtes des montagnes s'éclairent quelques minutes.

L'étoile du berger est suspendue au delà du grand cèdre.

 

Le rocher sur lequel Kali est assis garde la tiédeur du jour.

Une joie étrange l'accompagne quand il se pose sur cette pierre éjectée jadis des volcans.

Il ferme les yeux et imagine: le feu jaillit des montagnes proches.

Le sol tremble, la lumière des flammes rejoint les cieux.

Le soleil indifférent disparaît comme aujourd'hui.

Ne restent que des crépitements lointains, des explosions frénétiques, une pluie de pierres.

La lumière rose infiltrée derrière ses paupières fermées s'efface elle aussi.

Est-ce le jour ? Est-ce la nuit ?

Est-il hier ? Aujourd'hui ou demain ?

 

Tous ces temps, mille pensées le traversent et il doit soutenir de la main son front brûlant.

Les jours se passent à lire, et les nuits à contempler le ciel, à découvrir sa vie cachée.

La voix de sa femme Samantha est seule à le distraire

           

Samantha            - Le repas est prêt ! Tu peux venir !

Kali                      - Sais-tu, femme ?

Samantha            - Dis moi et je saurai.

Kali                      - Il se passe du nouveau dans les étoiles. Je le sens.

Samantha            - Que peut-il arriver de nouveau ici ! Viens manger, c'est prêt.

Kali                      - Viens dehors et tu verras.

 

Ils sortent dans le frais de la nuit.

Les millions d'étoiles sont là, devant leurs yeux, pointées sur la voûte.

 

Samantha           - Mon corps de femme frémit au dedans.

Kali                     - Une lumière ! Regarde !

Samatha             - Toi c'est dehors et moi c'est dedans !

Kali                     - J'appelle Ali... lui, il écoute la terre.

 

Il sort dans la nuit et court vers la tente voisine.

Ils sont trois mages qui vont de village en village et dorment là ce soir.

Il secoue les cordons de la porte.

 

Kali                      - Viens voir !

Ali                        - Je dors !

 

Soudain une dispute et il entend parler la femme de son voisin Ali:

 

Naomi                    - Va voir, Ali ! Mon corps me parle.

 

Les deux mages se retrouvent sur leur rocher de vision.           

 

Kali                        - Ne trouves-tu pas que ce rocher est trop chaud ?

 

Ali se penche sur la pierre et écoute un long instant.

 

Ali                          - La terre frémit, tu as raison.

 

La porte de la tente de Kali bat à nouveau, c'est Naomi qui vient se glisser à côté de son amie.

Elles se retrouvent ainsi quand leurs hommes travaillent sur la terre comme au ciel.

Elles ne l'avouent pas, mais elles sont souvent les premières à deviner les songes et merveilles qui les font vivre.

La porte bat à nouveau, c'est Rivka leur autre voisine qui passe la tête et dit:

 

Rivka                       - Vous aussi ?

Samathan                - Nous aussi.

Naomi                      - C'est quelque chose qui arrive.
Samantha                - Et si c'était quelqu'un ?

 

Rama, le mari de Rivka passe la tête à la porte et leur dit tout bas:

           

Rama                        - Nous les hommes, nous allons tous trois sur la colline.

                                   On y voit de loin si quelque chose veut passer.

Rivka                         - Ce n'est pas toi qui l'empêchera de passer si c'est mûr !

Rama                        - Ça vient de loin.

Samantha                 - Ou de haut ?

Rama                        - Taisez-vous ! Rien n'arrive dans le bruit.

 

Sur la colline, les trois hommes scrutent les quatre fonds du ciel.

Nul oiseau, nul jappement, nul glissement.

Mais comme un long soupir qui vient se poser là, devant eux.

 

Kali                        - Oui ?

Ali                          - Lumière, ombre ou soupir, dis nous que faire !

Rama                     - Nous ne sommes que trois mages sur leur rocher. Dis nous !

 

Le soupir les enveloppe, l'ombre les pousse et les tourne vers une lueur de fond de ciel.

Là bas vers l'orient si grand.

Ce n'est pas le soleil: Il vient de disparaître dans leur dos.

De mémoire de mage, rien de tel.

Serait-ce le grand soir de leur vie ?

 

Les femmes sous la tente se tiennent les mains et chantent tout bas l'air d'une berceuse pour ce qui vient de surgir, au milieu de nulle part, ce ne peut être que petit.

Elles le savent mais n'ont pas de mots.

 

Samantha            - Je sens, Rivka, que tu pourrais préparer les chameaux.

                              Peut-être sommes nous les seules au monde à vivre cet instant.

Rivka                   - Appelle Ali, appelle Kali et Rama.

  Ils doivent partir... Ils doivent découvrir qui éclaire ainsi

Naomi                 - Je chauffe du thé.

 

Les trois femmes s'affairent et déjà les hommes arrivent.

 

Samantha            - Vous n'allez pas partir sans rien

Kali                      - Si c'est royal, il faut de l'or

Ali                        - Si c'est petit comme le monde dans un enfant, il faut de l'encens

Naomi                  - Si c'est fragile comme un souffle, prenez cette myrrhe.

                              Nous n'avons rien d'autre ici, que le feu et le pot pour le thé.

Samantha            - Comment saurons nous ce qu'ils vont trouver ?

Rivka                    - J'ai dehors trois colombes fidèles qui reviennent toujours.

                               Mettons les dans une cage et ils nous les enverront quand il faudra !

 

Les hommes sont assis droits comme marbre, bouche serrée,

yeux baissés sur la découverte enclose dans leur cœur

Les pans de leurs manteaux cachent l'offrande des femmes à l'inconnu de lumière.

 

Des bruits de bottes, de cuir qui se tend, ils sont là-haut près du ciel, sur leurs bêtes frémissantes.

Le sable vole, les longues pattes se croisent et balancent les voyageurs vers l'inconnu.

Les trois colombes effarées dans leur cage volettent et passent d'une patte sur l'autre.

leurs cages oscillent sur le dos du dernier chameau.

Ils sont partis.

 

Les trois femmes se regardent puis leurs yeux fixent le foyer.

Les hommes ont leur lumière,

Il reste pour elles la chaude braise en leur désert de solitude.

 

Elles échangent les mots qu'elles trouvent:

 

Samantha            - Avez-vous idée pourquoi nous sommes là ?

Naomi                  - Pour que nos cœurs unis accompagnent les hommes ?

Rivka                   -  Parce que les femmes sont curieuses et veulent savoir ?

 

La lumière chaude du foyer les pénètre en poursuivant ses ondoiements.

Joues rouges et yeux brillants elles se laissent envahir par ce qui doit venir.

 

Samantha           - Ce qui doit venir était déjà là...

Naomi                 - Mon cœur est si chaud...!

Rivka                  - Je ne sens rien, je ne vois rien, parlez-moi !

 

Ce soir là, le feu ne s'éteint pas, ne brûle plus le bois, ne fait plus son bruit qui dévore.

Les trois femmes veillent ce qui vient et qui est déjà là.

                                                                                                            J. Déc. 2010-11-12... 

 

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commentaires

C
Bonne idée que d'avoir donné la parole aux femmes dans l'entourage des mages.<br /> Que va t il se passer quand le départ sera donné? Seront-elles du voyage?
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